
Ça y est, cette fois elle est partie. Après plusieurs reports du décollage dus à des problèmes techniques et à l’ouragan qui a ravagé la Floride, la fusée la plus puissante du monde, le Space Launch System (SLS), a décollé mercredi pour la première fois depuis le centre spatial Kennedy à Cap Canaveral. La mission Artemis I marque le grand début du programme américain de retour sur la Lune.
La fenêtre de lancement qui garantit des conditions idéales pour rejoindre la Lune s’ouvrait à 1h04 du matin en Floride, soit 7h04 à Paris. Mais SLS n’en a pas profité immédiatement : il restait quelques détails de dernière minute à régler et réparer. D’abord une fuite dans une valve utilisée pour remplir les réservoirs d’hydrogène liquide de la fusée. Des boulons ont été resserrés ; la valve a retrouvé son étanchéité. Puis on a repéré un dysfonctionnement dans l’un des radars qui devaient suivre le lancement depuis le centre spatial Kennedy – la faute à un commutateur réseau, qui a dû être remplacé. Pendant ce temps, le compte à rebours final restait figé sur T-10 minutes, attendant de reprendre son cours dès que les feux repassaient au vert. Une dernière petite réunion des responsables de la mission a permis de faire le point, et de déclarer qu’il n’y avait plus « aucune restriction » au décollage.
Le compte à rebours a repris… Et à 1h48, les quatre moteurs de la fusée ont enfin craché du feu, tandis que des trombes d’eau se sont déversées sur le pas de tir pour le refroidir. Le grand cylindre orange s’est élevé dans la nuit, lentement d’abord, et gagnant de la vitesse à mesure que le carburant a été consommé et que la fusée s’est allégée. Deux minutes après avoir quitté le sol, les deux propulseurs d’appoints flanqués sur les côtés du SLS se sont détachés, vides et désormais inutiles, avant de retomber au sol. Encore une minute plus tard, la tour de sauvetage (le système permettant d’extraire en urgence la capsule des astronautes en cas de problème) s’est détachée à son tour. Huit minutes après le décollage, les quatre moteurs se sont éteints, et l’étage principal de la fusée, vide de carburant lui aussi, s’est séparé du second étage et du vaisseau Orion pour les laisser filer dans l’espace, en apesanteur.
Le vaisseau Orion a déployé des panneaux solaires pour générer son énergie, et le second étage a allumé son propre moteur vers 9h10 pour l’arracher à l’orbite terrestre et le propulser vers la Lune. Après une demi-heure de poussée, Orion a laissé le second étage derrière lui. Le vaisseau habitable de Lockheed Martin et Airbus vogue désormais seul vers notre satellite naturel.
« C’est votre moment », a lancé la directrice du lancement, Charlie Blackwell-Thompson, à son équipe réunie dans la salle de contrôle, quelques minutes après le décollage réussi. « Nous faisons tous partie de quelque chose d’incroyable : le premier lancement d’Artemis, la première étape pour faire revenir notre pays sur la Lune puis sur Mars. Ce que vous avez fait aujourd’hui sera une inspiration pour les générations futures ».
Pour ce vol test lancé 50 ans après le dernier vol du programme Apollo, la capsule Orion, qui n’a pas d’astronaute à bord, n’atterrira pas sur la Lune mais s’aventurera jusqu’à 64 000 km derrière elle, un record pour un vaisseau habitable. Orion restera cinq jours en orbite lunaire avant de reprendre son trajet vers la Terre. Il arrivera au large de la côte californienne, vers San Diego, à 12h40 (heure locale) le 11 décembre. Le but de cette mission Artemis I est de vérifier que ce nouveau vaisseau est sûr pour transporter dans les toutes prochaines années un équipage jusqu’à la Lune.
Avec Libération